Lai Ching-te (賴清德) deviendra le prochain président de Taïwan ce 20 mai. Il accédera à la plus haute fonction du pays après une carrière de médecin, de législateur, de maire, de premier ministre et de vice-président.
Lai a obtenu la présidence pour le Parti démocrate progressiste (DPP) le 13 janvier avec un peu plus de 40 % des voix. Il exercera ses fonctions aux côtés du nouveau vice-président Hsiao Bi-khim (蕭美琴). Le président de Taïwan est le chef d’État et dispose d’une autorité totale ou partielle sur les affaires étrangères, les forces armées, la sécurité nationale, la politique du détroit et toute une série d’autres responsabilités.
Outre ses titres officiels, différentes personnes dans différents pays ou médias ont surnommé Lai soit l’une des personnes les plus influentes du monde, soit un personnage dangereux et même un dieu au cours de sa carrière. L’opposition nationale l’a qualifié d’enfant chéri de l’indépendance, ce que Lai rejette, se décrivant plutôt comme un « travailleur pragmatique » pour la paix.
De son côté, la présidente Tsai Ing-wen (蔡英文) a qualifié Lai de « féroce » dans une vidéo de campagne et a laissé entendre qu’il dirigerait le pays mieux qu’elle ne l’a fait. Il a également été nommé quatre fois meilleur législateur du pays par l’organe de surveillance parlementaire de Taïwan.
Une enfance difficile mais studieuse
L’ascension régulière de Lai, issu de la classe ouvrière à faibles revenus, est l’une des caractéristiques de sa réussite politique. Âgé de 64 ans, il est né dans le district de Wanli, à New Taipei, dans une famille de mineurs de charbon ; son père est mort lorsqu’il avait trois ans et c’est sa mère qui l’a élevé, lui et ses cinq frères et sœurs.
« L’un des plus grands atouts que mon père m’ait laissé est d’avoir été pauvre », a déclaré M. Lai dans une interview accordée à Time Magazine en 2023. « Dans cet environnement, j’ai travaillé plus dur, plus vigoureusement dans tout ce que je faisais. Cela m’a donné un sentiment de détermination ».
Lai a fréquenté le lycée municipal Jianguo à Taipei, où il était un « élève sérieux » (selon ses camarades de classe) avec des notes raisonnables (selon Lai lui-même). Il a ensuite étudié à l’université nationale de Taïwan (NTU), à l’université nationale Cheng Kung (NCKU) et à l’université Harvard aux États-Unis, où il a appris à parler anglais.
À Harvard, il a obtenu une maîtrise en santé publique et s’est spécialisé dans la santé publique et la réadaptation. Il s’est spécialisé dans la santé des reins et de la moelle épinière lorsqu’il était médecin.
Lai a déclaré que c’est au cours de ses études à la NTU qu’il a commencé à s’intéresser à la politique, alors que lui et ses camarades de classe assistaient à l’incident de Kaohsiung et à ses conséquences. Selon lui, cet incident a semé le doute chez les jeunes quant à l’avenir du pays, et il considère qu’il a incité davantage de personnes à se préoccuper du développement de Taïwan.
Une ascension Politique
Après avoir travaillé pour les campagnes politiques d’autres candidats, Lai s’est présenté pour la première fois aux élections de l’Assemblée nationale, en 1996. Il a été élu pour la première fois en 1998 en tant que représentant de Tainan au Yuan législatif.
Lai a déclaré que sa femme avait un jour remis en question sa décision d’adhérer au DPP, lui suggérant de rejoindre le Kuomintang (KMT) à la place. Lai a déclaré qu’il avait choisi le DPP parce qu’il voulait promouvoir les réformes constitutionnelles.
Lorsqu’il était législateur, Lai était membre de la faction « New Tide » du DPP, qui a fait pression pour que l’indépendance de Taïwan soit incluse dans la charte du parti. Ces propos, ainsi que d’autres liés à l’indépendance, lui ont valu l’étiquette d' »enfant chéri de l’indépendance »
En tant que législateur, Lai s’est fait connaître par un échange enflammé et chargé d’injures avec un législateur du KMT qui tentait de bloquer un projet de loi approuvant l’achat d’armes par les États-Unis. La réputation de Lai en tant que personne à la voix douce et amicale a ajouté à l’anecdote entourant l’incident, au cours duquel il a accusé son homologue du KMT de « détruire la nation ».
Lai a également obtenu son diplôme de l’université de Harvard alors qu’il était législateur. Il a effectué quatre mandats consécutifs à l’assemblée législative en tant que représentant de Tainan, avant de se retirer pour se présenter à la mairie de Tainan en 2010.
Un destin national
En tant que maire de Tainan, Lai a gagné le surnom de « dieu Lai » (賴神), utilisé par ses partisans impressionnés par ses efforts de lutte contre la corruption. Après deux mandats de maire, Lai est devenu le premier ministre du pays en 2017.
Lai a démissionné de son poste de premier ministre en 2019, à la suite de la défaite écrasante du DPP aux élections locales de l’année précédente. Lai a ensuite défié Tsai en tant que candidat présidentiel du DPP en 2020, mais Tsai a remporté les primaires qui ont suivi, et Lai est devenu son vice-président.
Les déclarations passées de Lai concernant l’indépendance de Taïwan ont été citées par l’opposition pendant la campagne électorale comme sa position politique actuelle. Toutefois, lors de la campagne, M. Lai a déclaré qu’il donnait la priorité à la paix entre les deux rives du détroit et au statu quo, et certains ont qualifié d’inexacte l’étiquette d’indépendantiste.
M. Lai prendra la barre alors que Taïwan doit faire face à une demande croissante d’énergie et de ressources naturelles de la part d’un secteur technologique crucial pour le commerce mondial. Son gouvernement devra réfléchir à cette problématique alors que Taïwan souhaite poursuivre son objectif vers des émissions nettes nulles, en gérant les énormes projets d’infrastructure nécessaires pour passer des combustibles fossiles aux énergies renouvelables.
Il a également promis de mettre en œuvre une série de mesures pour lutter contre la flambée des prix du logement, notamment en subventionnant les loyers et en augmentant le nombre de logements sociaux. Poursuivant la voie tracée par Tsai, il dirigera Taïwan à un moment où les défis et les opportunités sont sans précédent : énergie, inflation, environnement, peine de mort, PMa et GPA, fake news, pression de la Chine, place à l’internationale…
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